Jalousie...
Jalousie
Je ne suis pas jalouse. Je n'ai jamais fouillé dans ses poches. Je n'ai jamais mis en doute ses retards, ses absences, ses excuses. J'ai tout gobé. Toujours. Je ne dirais pas que je ne me suis jamais posé de questions. Mais nous avions un contrat. Un contrat de mariage. Et j'y croyais.
Un jour il a oublié son portable professionnel. J'ai voulu lui envoyer un SMS. Pour qu'il ne le cherche pas, qu'il ne s'inquiète pas. J'ai tapé : « tu as oublié ton portable », puis j'ai sélectionné « destinataire » et j'ai fait « envoyer » sur l'adresse de son autre téléphone, le personnel... J'attendais qu'il me réponde. Mais il ne répondait pas... alors je suis allée voir dans « messages envoyés » si le mien, de message, il était bien parti. Il y avait une longue liste de messages envoyés. J'ai souri et regardé un message au hasard. Il était court, il y avait juste une petite phrase que je connaissais bien : « Tendresse mon cœur ». C'est ce qu'il m'écrivait souvent lorsqu'il m'envoyait des fleurs pour ma fête ou mon anniversaire, lorsqu'il était loin. Mais quelque chose clochait, le numéro auquel il l'avait envoyé n'était pas mon numéro. Mon cœur s'est mis à taper comme un fou, comme avant un raz-de-marée, une tornade, un tsunami prévisible. Je savais déjà que rien ne serait plus comme avant. J'ai noté le numéro. Comme ça. Il me disait très vaguement quelque chose. Comme un souvenir ancien, effacé depuis longtemps...
Et puis j'ai voulu savoir. J'ai regardé tous les autres messages qu'il avait envoyés. Ce jour-là, le 29 Octobre, il en avait envoyé une douzaine, tous vers le même numéro. Le premier disait : « J'arrive ! », avec un point d'exclamation. Oui c'est vrai, il avait été absent pendant de longues semaines, il était revenu vers cette date là, en Octobre... Le second disait : « Tout contre toi, je veux me glisser tout contre toi, je ne serai pas en moto, je serai tout chaud pour te réchauffer... », mon cœur se glaçait en lisant ces lignes adressées à une autre... Le troisième, du même jour, envoyé deux heures plus tard, disait : « Marie m'a tuer », puis un quatrième qui pérorait : « tu as su trouver les arguments, il faut dire que tu es une femme d'une belle constitution » puis un cinquième qui ajoutait : « j'espère également avoir été un homme de bonne constitution, merci pour ce que tu m'as donné... c'était merveilleux. »
Là mon cœur a eu un soubresaut, j'ai cru mourir, ... mal, j'avais si mal, la tête me tournait, la nausée montait, montait jusqu'à l'écoeurement. Je ne savais plus où j'étais, ce qu'il m'arrivait. Je respirais comme si j'avalais ma dernière goulée d'air, je suffoquais. Et la douleur... la douleur... là ... en plein cœur.
C'est possible une telle souffrance ?